L’intestin au secours du cerveau : microbiote et santé

L’intestin au secours du cerveau est un livre du docteur David Perlmutter, neurologue américain. Le médecin présente les dernières avancées de la recherche en ce qui concerne le microbiote (l’ensemble de nos bactéries intestinales). Il explique le fonctionnement du microbiote et les liens qu’il possède avec notre état de santé : de l’obésité aux rhumatismes inflammatoires en passant par l’autisme et la maladie d’Alzheimer. Résumé et réflexions.

Photo de fruits et légumes (fraise et carotte). Les fruits et légumes sont riches en prébiotioques grâce aux fibres qu'ils contiennent. Ce sont des aliments qui équilibrent le microbiote.

Les fruits et légumes sont riches en fibres, des prébiotiques importants.

Un corps humain ou bactérien ?

Un adulte humain porte environ 100 000 milliards de bactéries. Ce même adulte est lui-même composé d’environ 10 000 milliards de cellules (os, peau, muscles, etc.). Depuis la naissance, et la sortie du ventre maternel, le corps de l’homme se voit colonisé par des milliers de bactéries. Mais il ne s’agit pas de bactéries comme on l’entend généralement ; ces petites bêtes invisibles qui sont à l’origine de nombre de maladies.

Les maladies au contraire, elles nous en protègent. Les bactéries participent pleinement au maintien de notre équilibre de santé. Alors qu’elles nous protègent, nous leur offrons le gîte et le couvert : c’est donnant-donnant. Nous vivons en symbiose avec ces milliards de bactéries depuis qu’Homo sapiens est arrivé sur Terre, des millions d’années après l’apparition des premières bactéries. Le rôle central des bactéries dans le maintien de notre espèce peut pousser aux questionnements : que serions-nous sans les bactéries ? l’arbre de l’évolution serait-il celui qu’il est ? l’être humain pourrait-il n’être qu’une création des bactéries pour leur propre développement ?

On sait qu’un intestin stérile en bactérie induit une réponse au stress plus importante qu’un intestin normalement colonisé. Perlmutter écrit à ce titre : je suis émerveillé par l’idée qu’au lieu d’être contrôlé par mon cerveau, ma réponse au stress est déterminée par mes microbes intestinaux (p. 107). Le microbiote va en effet influer sur la réponse au stress du système hypothalamo-hypophyso-surrénalien (il s’agit d’une cascade hormonale entre le cerveau et les glandes surrénales qui aboutit à la synthèse d’une hormone du stress : cortisol). De plus le microbiote intervient dans la synthèse de la sérotonine dès le plus jeune âge. La sérotonine est décrite comme étant une molécule du bien-être, régulant l’anxiété, l’agressivité, la dépression.


 

Physiologie du microbiote

Le but de ce chapitre est de présenter brièvement quelques fonctions et actions du microbiote (voir pp.38-39 du livre). Pour reprendre les termes de David Perlmutter, la flore intestinale :

  • Participe à la digestion et à l’absorption des nutriments.
  • Forme une barrière physique protectrice contre les envahisseurs potentiels, tels que les mauvaises bactéries (flore pathogène), les virus néfastes et les parasites nuisibles. Certains types de bactéries possèdent des filaments qui ressemblent à des cheveux […] qui peuvent stopper la progression d’un rotavirus de l’estomac potentiellement mortel.
  • Joue un rôle de détoxication. Les bactéries de l’intestin interviennent dans la prévention des infections et servent de  ligne de défense contre de nombreuses toxines présentes dans cette partie de notre corps. Comme elles neutralisent bon nombre de toxines de notre alimentation, elles peuvent être perçues comme un second foie. Ainsi, lorsque la quantité de bonnes bactéries de votre intestin diminue, la charge de travail de votre foie augmente.
  • Influe profondément sur la réponse immunitaire. Contrairement à ce que vous pourriez penser, l’intestin est le principal organe de votre système immunitaire. En outre, les bactéries peuvent aider et soutenir le système immunitaire en contrôlant certaines cellules immunitaires et en empêchant l’auto-immunité (un état pathologique dans lequel l’organisme attaque ses propres tissus).
  • Produit et libère des enzymes et des substances importantes qui participent au fonctionnement de votre corps, ainsi que des substances nécessaires au cerveau, notamment des vitamines et des neurotransmetteurs.
  • Vous aide à gérer le stress grâce aux effets de la flore sur le système endocrino-hormonal.
  • Vous aide à bien dormir.
  • Contribue à contrôler les inflammations de l’organisme, lesquelles affectent en retour le risque d’être atteint de pratiquement toutes les maladies chroniques.

David Perlmutter, L’Intestin au secours du cerveau, pp.38-39

L’impact du microbiote sur la santé est insoupçonné et il se précisera encore davantage dans les années qui viennent. Nous ne pouvons que vous encourager à lire ce livre pour approfondir le sujet !


 

Quand le microbiote est déséquilibré, c’est la dysbiose

La dysbiose correspond à une perte de l’équilibre dans la composition bactérienne de l’intestin. Dysbiose s’oppose donc à symbiose.
Cette dysbiose va être à l’origine de nombreux symptômes, mais attardons-nous sur le phénomène décrit par Perlmutter d’hyperperméabilité intestinale. David Perlmmutter n’est pas le premier à décrire ce mécanisme. Le docteur Jean Seignalet travaille notamment sur ce sujet.

Pour comprendre le phénomène, un petit rappel. Le corps humain est évidemment un être pluricellulaire (10 000 milliards de cellules environ). Il existe un espace virtuel entre chacune de nos cellules, au sein de notre enveloppe, que l’on nomme le milieu intérieur. Le milieu intérieur, c’est l’océan dans lequel baignent toutes nos cellules. Ce milieu intérieur est donc bien distinct de l’environnement et il existe globalement trois zones dans le corps où il va y avoir des échanges entre le milieu intérieur et l’environnement, autrement dit entre nous et ce qui nous entoure :

  1. La peau. Notamment lors de la perte d’eau quand on transpire. Une partie de nous, de notre eau, retourne dans la nature. Mais inversement des substances peuvent pénétrer dans notre corps via la peau. (il existe d’ailleurs un outil spécifique, destiné aux professionnels de la prévention dans ce domaine, visible ici).
  2. Les poumons. A chaque cycle respiratoire, il y a des échanges de gaz dans nos milliers d’alvéoles pulmonaires. L’oxygène de l’air est capté de l’extérieur pour aller dans la circulation sanguine et en retour du gaz carbonique est rejeté dans l’atmosphère par les poumons.
  3. Le tube digestif, et l’intestin pour ce qui nous concerne dans cet article. Gardons à l’esprit que tout ce qui se trouve entre la bouche et l’anus correspond au milieu extérieur : depuis la bouche, en passant par l’œsophage, l’estomac, l’intestin et jusqu’à l’anus, il s’agit du même tube. Il possède certes des replis, des points de fermetures, mais cela reste une part de l’environnement au sein même du corps.
    La paroi intestinale constitue donc une autre zone où le milieu intérieur échange avec l’environnement. En l’occurrence il s’agit essentiellement de notre alimentation. Ce que nous ingérons est dégradé en composés assimilables (non la sauce tomate-basilic ou l’aïgo boulido ne se retrouve pas telle qu’elle dans le sang !). Dans le tube digestif, le corps garde ce dont il a besoin et rejette ce qui ne lui est pas utile.

Ces différentes barrières sont relativement imperméables. Au niveau de l’intestin, les jonctions serrées entre chaque cellule ne laissent passer que les petites molécules.

Cependant divers facteurs (l’alimentation, l’état de stress, des toxiques…) peuvent influer négativement sur les jonctions serrées : la barrière se relâche et des molécules plus grosses peuvent passer. Ces macromolécules se retrouvent ainsi dans la circulation sanguine alors qu’elles n’ont rien à y faire. La réaction du corps est simple dans ce genre de situation : activation du système immunitaire et mise en place d’une inflammation pour lutter contre cet intrus.
On sait que les bactéries intestinales, lorsqu’elles sont physiologiques, produisent un certains nombre de substances importantes pour notre santé globale (notamment le BDNF, le GABA ou encore le Nrf2). Les substances qui nous intéressent ici sont les acides gras à chaînes courtes. Ces acides gras sont en grande partie les garants du maintien serré des jonctions entre les cellules intestinales.

Ainsi la porosité de l’intestin au long cours, appelée hyperperméabilité intestinale, induit un état d’inflammation dans l’ensemble de l’organisme.
Et David Perlmutter nous dit que toutes les maladies ont pour origine une inflammation incontrôlable (p.43). Pour approfondir ce point, le mieux reste la lecture du livre qui détaille tout cela le long des 312 pages.


 

Comment maintenir équilibrer son microbiote

Nous vivons en symbiose avec les quelques 100 000 milliards de bactéries qui sont dans notre intestin. Nous avons brièvement vu comment  le système bactérien s’imbrique au cœur de notre santé. Voyons comment agir bénéfiquement sur le microbiote de façon simple et raisonnée.

Prébiotiques et probiotiques

Les prébiotiques correspondent à l’alimentation que vont préférer les bactéries.
Probiotique est le nom donné aux aliments (ou compléments alimentaires que l’on trouve en pharmacie) qui contiennent des bactéries qui vont coloniser l’intestin.

Pour maintenir ou rééquilibrer son microbiote il faudra donc avant tout favoriser l’apport d’aliments riches en prébiotiques. Pour faire simple, les prébiotiques vont correspondre aux fibres alimentaires, que l’on trouve dans les fruits et légumes. Manger des fruits et légumes permet donc naturellement et simplement de contribuer au bien-être de notre flore bactérienne. Les fibres se trouvent en grande quantité dans la peau des fruits et légumes : mangez-les plutôt que de les jeter. A ce titre, privilégier les fruits sans traitement pesticide.
Pour trouver des probiotiques, deux possibilités : l’alimentation ou la supplémentation (qui se trouve en pharmacie). Les aliments riches en probiotiques sont des aliments fermentés comme le chou de la choucroute, les yaourts et fromage blanc, la levure de bière qui pourra accommoder les salades et autres crudités, ou encore le kéfir et le kombucha. Pleins de recettes et astuces pour fabriquer ses propres légumes fermentés : le site nicrunicuit.

Vous avez tout lu ou presque, félicitations ! Je vous offre une citation de David Perlmutter à méditer :

Malheureusement, la prévention des maladies par des choix simples et non invasifs dans la vie quotidienne n’a pas l’héroïsme apparent des interventions pharmaceutiques puissantes.

David Perlmutter, L’Intestin au secours du cerveau, p.64


Pour aller plus loin :

>> Accueil
>> Ostéopathie et intimité

3 réflexions sur “L’intestin au secours du cerveau : microbiote et santé

  1. « Le charme discret de l’intestin » en parle aussi de manière assez simple, avec de chouettes dessins rigolos mettant en scène cet héros oublié des temps modernes (mais en passe de devenir à la mode, grâce à de jeunes et jolies et blondes auteur(e)s, comme je l’ai vu au rayon bestseller de la Fnac ). Vous l’avez lu aussi ? Qu’en avez-vous pensé ?

    • Bonjour, oui j’ai également lu ce livre. Enfin pas réellement jusqu’à la fin… Je l’ai trouvé très intéressant et effectivement simple, ludique grâce aux dessins de la soeur de l’auteur. C’est un livre que je conseille complètement pour entrer dans le bain de la connaissance sur l’intestin. La lecture est facile, les sujets pas trop pointus. Pour celui ou celle qui désirera aller plus loin, je conseille ensuite le livre de David Perlmutter. Bonnes lectures !

  2. Pingback: Syndrome de l'intestin irritable | Gas & Guibert

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