Pour une enfance heureuse : l’enfant vu par Catherine Gueguen

Catherine Gueguen, pédiatre, a publié Pour une enfance heureuse en 2014. Ce livre résume les dernières découvertes en neurosciences chez l’enfant. Avec ce livre, elle bouleverse nombres d’idées reçues sur l’enfant, son comportement, son cerveau…

L’enfant n’est pas un adulte en miniature

L’enfant, adulte miniature empreint d’autonomie et de raison, est une image qu’il faudrait sérieusement modifiée dans l’inconscient collectif.
Il n’est pas simple pour nous adultes de toujours comprendre comment fonctionne un enfant, ce qu’il ressent, pourquoi il pleure ou crie…

Comment réagir alors face à des comportements qui parfois nous dépassent, nous mettent en colère ou nous rendent tristes ? Parler plus fort que lui, punir ; est-ce l’attitude adéquate ?

Une meilleure connaissance du cerveau de l’enfant permet de mieux le comprendre pour l’accompagner dans son épanouissement physique, psychique et social.

Schématisation des 3 cerveaux chez l'homme (archaïque, émotionnel et néocortex) par des engrenages dans une silhouette d'homme. Cela illustre une idée du livre de Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse. Cabinet d'ostéopathes de Romagnat Clermont-Ferrand.

Illustration du cerveau triunique.

Le cerveau humain est souvent présenté comme triunique :

  1. le cerveau archaïque, ou reptilien, gère les fonctions de base de l’organisme : alimentation, thermorégulation, tension artérielle…
  2. le cerveau émotionnel, ou limbique, régule sur le cerveau archaïque, et a pour fonctions l’olfaction, l’apprentissage, la mémoire entre autres.
  3. le néocortex, correspond aux fonctions dites supérieures telles que : le langage, la conscience, l’imagination…

Le néocortex est le dernier à se développer et est particulièrement immature chez l’enfant. Ce sont les cerveaux archaïque et émotionnel qui animent le petit d’homme jusqu’à l’âge de 5 ans environ. Le lien anatomo-fonctionnel entre le néocortex et les deux autres cerveaux est en voie de construction, malléable et fragile à la fois.

Il va falloir du temps au néocortex pour apprendre à réguler le flot d’émotions que génère le cerveau émotionnel.

Ceci explique qu’un enfant a de véritables peurs incontrôlées, il tempête pour obtenir ce qu’il veut, il a de grands chagrins… l’enfant NE PEUT PAS contrôler ses émotions.

Jusqu’à l’âge de 5 ans, le cerveau archaïque et le cerveau émotionnel dominent. Le néocortex qui les régule commence à mûrir vers cet âge-là et se poursuit jusqu’à l’âge de 25 ans. Aider l’enfant à mettre en mot ses émotions lui permet de les connaître, pour ensuite les reconnaître ; ce qui lui permet de nommer et d’être mieux compris.

Chaque fois que l’adulte rassure, sécurise, console, câline l’enfant en le prenant dans les bras avec une attitude douce, chaleureuse, en prodiguant des gestes tendres, en adoptant un ton de voix calme, apaisant, en ayant un regard compréhensif, il aide l’enfant à faire face à ses émotions et à ses impulsions.
Un comportement parental affectueux a un impact positif considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant. Il parviendra alors plus rapidement à gérer les émotions envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel et archaïque.

Pour une enfance heureuse, Catherine Gueguen, p.112, issu d’un article de Fox et al.

Focus sur 2 hormones : le cortisol et l’ocytocine

Pour une enfance heureuse : limiter le cortisol

Le cortisol est une hormone sécrétée par les glandes surrénales, sur ordre du cerveau, en réponse à un événement stressant (peur, angoisse…). Comme toute substance du corps, le cortisol a un rôle physiologique ; il participe notamment à réguler l’énergie entre le jour et la nuit.

Mais le développement de l’enfant peut être limité par le stress et un taux de cortisol trop élevé. En effet cela entraîne notamment :

  • une diminution du développement des nouveaux neurones
  • une diminution des connexions neuronales
  • un mauvais développement de la myélinisation

Le cerveau est alors fragilisé, ce qui peut se manifester par des difficultés de concentration, une agressivité, de l’anxiété, une conduite anti-sociale, etc. Et ces phénomènes s’accentuent avec la privation affective et la maltraitance physique ou verbale.

Jade, 4 ans, est une petite fille triste. Les sourires n’illuminent jamais son visage. Dans la cour de récréation, elle reste dans son coin. Le monde extérieur lui fait peur, aussi bien les adultes que les autres enfants. Chez elle, ses parents sont trop occupés pour s’occuper d’elle. Ils la négligent totalement.

Pour une enfance heureuse, Catherine Gueguen, p.165

L’ocytocine, hormone du contact social et du bien-être

L’ocytocine est une molécule anti-stress. Sa sécrétion est favorisée par la bienveillance, des interactions chaleureuses, le maternage ou encore le plaisir partagé. L’ocytocine est sécrétée lors de toute stimulation sensorielle douce : les mots doux, la tétée, le contact tendre, les caresses, les baisers, l’orgasme mais aussi le simple contact de l’eau chaude. (p. 221)

Frise chronologique de l'évolution du cerveau de l'enfant, d'après les données de Catherine Gueguen dans son livre Pour une enfance heureuse.

L’ocytocine diminue le stress en calmant le cerveau (l’hypothalamus et l’hypophyse). Le cerveau apaisé diminuera à son tour le taux de cortisol dans le sang et activera le système parasympathique.

À noter que les récepteurs cérébraux à l’ocytocine ainsi que le taux d’ocytocine plasmatique sont corrélés à la capacité à être maternel. Or, la bienveillance, le maternage, les relations agréables favorisent la multiplication de ces récepteurs chez l’enfant. Ce qui veut dire qu’en portant de la bienveillance à son enfant, il développe sa capacité à être lui-même maternant et bienveillant… L’impact de ceci dépasse le simple individu, et intéresse la société et l’espèce.

Par ailleurs l’ocytocine favorise également la sécrétion :

  • d’endorphines (diminue le seuil de la douleur et procure une sensation de bien-être)
  • de dopamine (activant la motivation et le plaisir)
  • de sérotonine (stabilise l’humeur et régule les émotions)

Rappelons, selon l’OMS, que la santé passe avant tout par un bien-être physique, mental et social. On comprend alors tout l’intérêt du maternage dans le bon développement de l’enfant.

Enfin, on sait que le toucher favorise la sécrétion de l’ocytocine. Le massage diminue les molécules du stress, augmente la confiance en soi, et permet à l’enfant d’être moins agressif et plus sociable. D’autre part, par le massage l’enfant prend conscience des différentes parties de son corps : il apprend à se connaître.


Prendre en compte ces données récentes permet de mieux appréhender l’enfant, que l’on soit parent, ou professionnel amené à travailler avec des enfants.

Un cerveau isolé n’a pas de sens, car l’être humain n’existe que dans l’échange incessant avec son environnement.
Pour une enfance heureuse, p.21

Pour une enfance heureuse, favorisez donc les interactions, toutes les interactions.

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6 réflexions sur “Pour une enfance heureuse : l’enfant vu par Catherine Gueguen

  1. Merci pour ce résumé qui donne envie d’approfondir encore et encore le sujet. Une super base pour tous les parents (et autres interlocuteurs de la petite enfance) 🙂

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